Contribution au débat sur l’avenir de la plate-forme aéroportuaire régionale

Bureau du 18 avril 2003


 

Dans son article 1-3, le Contrat de Plan État-Région 2000-2006 a pris en compte les préoccupations relatives à l’avenir de la plate-forme aéroportuaire régionale, et tout particulièrement de sa composante principale qu’est l’aéroport de Toulouse, en prévoyant des études destinées à " préciser les conditions du développement du trafic aérien ".

Au regard des enjeux considérables liés à cette question, tant en ce qui concerne l’ouverture de la métropole toulousaine et plus globalement de Midi-Pyrénées sur le reste du monde, qu‘en matière de développement industriel, notamment dans le domaine aéronautique, cette démarche visant à disposer des éléments de nature à fonder les décisions utiles pour le futur n’est certes pas prématurée.

 


La série d’études, rendue publique en début d’année 2003 par monsieur le Préfet de Région Midi-Pyrénées, en est la première traduction. Le CESR en prend acte, mais considère que ces études sont pour l’heure insuffisantes pour fonder le débat public qui doit être mené à bien.

La réflexion sur l’avenir de la plate-forme aéroportuaire régionale doit certes reposer sur une analyse prospective mettant en rapport l’évolution de la demande à la capacité de l’offre. Mais cette analyse ne doit pas être faite dans le seul secteur aérien. La demande résultera des besoins futurs en déplacements, quel que soit le mode de transport utilisé, et de l’évolution des comportements des usagers aussi bien en ce qui concerne les passagers que les marchandises.

Dans un premier temps, il est donc indispensable de sortir de la seule question aéroportuaire et d’engager au plus tôt une étude globale sur les besoins futurs de déplacements à partir ou à destination de Toulouse et de Midi-Pyrénées compte tenu de scenarii prospectifs en matière économique et sociale. C’est à partir de ce constat préalable, qui aujourd’hui fait défaut, qu’une problématique crédible et partagée de satisfaction des besoins de transport pourra être établie.

Pour autant, cette problématique première basée sur la demande devra être confrontée aux perspectives d’une offre multimodale et aux contraintes de toute nature à prendre en compte pour apporter les meilleures réponses. C’est à ce stade que la contribution spécifique du transport aérien pourra être valablement envisagée.

Pour y parvenir, plusieurs axes d’étude déjà plus ou moins explorés, méritent cependant d’être approfondis. Il en est ainsi notamment de :

* la répartition intermodale des déplacements et notamment de l’impact d’une modification de l’offre ferroviaire intégrant l’hypothèse d’une desserte TGV de Midi-Pyrénées à une vitesse commerciale de 350 km/h et donc des temps de transport encore significativement réduits aussi bien pour la liaison Toulouse-Paris que pour les relations avec d’autres grandes villes françaises et européennes dans le cadre d’un réseau LGV. A cet égard, l’expérience d’autres métropoles régionales aujourd’hui bien desservies, et parfois de longue date comme Lyon, est sans doute porteuse d’éclairages utiles.
* l’offre de transport aérien qui, au-delà de limites de capacité absolue, dépend principalement des stratégies commerciales des compagnies aériennes, elles-mêmes fonctions de l’évolution de la technologie aérienne, de l’offre des constructeurs aéronautiques et de la réglementation.

Il ne fait pas de doute enfin que Midi-Pyrénées doit disposer d’une plate-forme aérienne à même de répondre aux besoins de communication et d’échanges nécessaires à la poursuite d’un développement régional durable conjuguant efficacité économique, équité sociale et amélioration de l’environnement. A cet égard, il ne faut bien sûr pas exclure que de nouveaux aménagements puissent se révéler nécessaires à l’horizon 2020 ou au-delà, mais il est sans doute prématuré d’engager sur ce point un processus décisionnel, notamment pour ce qui concerne le choix d’un site pour l’implantation d’un nouvel aéroport, à partir des seules études existantes.

En toute hypothèse, ces premières études devront en effet être :

* reprises pour tenir compte des résultats de l’indispensable et préalable analyse approfondie des perspectives d’évolution de l’offre et de la demande de déplacements.
* argumentées pour justifier différents parti-pris (sélection des sites étudiés, élimination d’un système bi-polaire…).
* enrichies en ce qui a trait aux risques et nuisances, aux répercutions sur l’économie locale et l’emploi ainsi qu’aux investissements d’accompagnement nécessaires (réseaux, infrastructures, services…).
* complétées, le cas échéant, par l’examen d’autres solutions

En définitive, le CESR considère que la démarche engagée en vue de définir l’avenir de la plate-forme aéroportuaire régionale pour l’après 2020 doit être poursuivie, certes sans faiblesse, mais sans précipitation. Pour ce faire, il faut sans doute, avant tout, replacer le problème posé dans le seul cadre qui vaille ; celui de la construction d’une desserte de Midi-Pyrénées répondant, quantitativement et qualitativement, aux besoins de déplacement futurs en valorisant au mieux les différents modes de transports avec la préoccupation de l’environnement.

* Une première étape doit ainsi être consacrée à fixer et à faire connaître les références nécessaires en matière d’évolution de la demande de transports.
* Sur cette base, une seconde phase doit consister à établir les perspectives générales d’évolution de l’offre et à les confronter à la demande pour faire émerger le besoin dans le domaine aérien.
* Ce n’est donc qu’au cours d’une troisième phase que pourra être abordée la question des types de plates-formes et des implantations susceptibles de répondre aux besoins précédemment identifiés.

Cette démarche progressive d’études et de débats nécessitera du temps supplémentaire. L’urgence n’est cependant pas telle qu’elle ne puisse être menée à bien.



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Chantal TERLAY
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