Lors de l'Assemblée Plénière
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Monsieur le Directeur Général des Services,
Dans quelques mois, au 1er janvier 2016, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées fusionneront pour former une seule région, un vaste territoire, comme le prévoit la loi du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral. La première étape, avant les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 qui conduiront à la mise en place d’un nouvel exécutif régional et d’une nouvelle assemblée délibérante, est le choix du chef-lieu provisoire de région. A cet effet, le Gouvernement a saisi les préfets des futures régions en vue de l’adoption à l’été 2015 des décrets sur les chefs-lieux provisoires de région. La région Languedoc-Roussillon conduit les mêmes démarches en application des textes cités. C’est dans ce cadre très précis que nous sommes réunis ce matin, jeudi 18 juin, en assemblée plénière pour émettre un avis circonstancié sur le choix du chef-lieu provisoire de région. Le projet d’avis que je vais vous présenter à la fin de mon propos intitulé « Projet d’avis du CESER de Midi-Pyrénées sur la détermination du chef-lieu provisoire de la région Languedoc-Roussillon - Midi-Pyrénées », et qui sera soumis à votre vote, a été préparé par la Commission 6 « Budget – Finances – Politiques contractuelles et Planification – Evaluation ». Au-delà de la question posée, nous avons souhaité nous prononcer sur le choix du chef-lieu définitif de région et du lieu du siège des assemblées régionales - Conseil régional et CESER – (l’avis du CESER n’est pas requis sur ces points), dont les propositions faites vont dans le sens d’une logique d’action des principaux centres de décisions. A l’ordre du jour également les élections partielles au Bureau, et pour information, « l’Avis sur les projets de Conventions Interrégionales ou Contrats de Plan Interrégionaux Etat-Région du Massif central et du Massif des Pyrénées pour 2015-2020 » adopté par le Bureau réuni le 16 juin, sur proposition du Président de la commission 1 « Aménagement du territoire – Environnement », Jean-François AGRAIN, que je remercie ; il vous en fera une courte présentation. Avant de débuter ces travaux, je souhaite la bienvenue à MM. Ludovic ARBERET, Alain FOURNES, Xavier PETRACHI, représentant le 2ème collège au titre de la CGT, en remplacement de Mmes GUINLE, POMIES et BRUYERE. Une nouvelle région existera début 2016. Permettez-moi de rappeler très brièvement les raisons qui ont amené le Gouvernement à redessiner la carte des 22 régions actuelles de métropole. En créant 13 nouvelles régions (7 nouvelles constituées par l’addition de régions actuelles entières sans modification des départements qui les composent et 6 qui ont leurs limites géographiques inchangées), et en leur conférant ainsi une taille critique sur le plan géographique, démographique et économique, le Gouvernement a pour objectif d’améliorer la gouvernance territoriale ainsi que l’efficacité et l’efficience des politiques publiques mises en œuvre dans les territoires. Cette volonté gouvernementale de régions plus fortes se traduit par un renforcement de l’échelon régional en clarifiant les compétences des régions (projet de loi NOTRe en cours d’adoption au Parlement). Les régions françaises constituent à la fois l’échelon administratif le plus récent et celui de l’avenir pour le développement économique, la création de richesses et les solidarités territoriales, pour une vision globale du territoire. L’Etat veut développer des métropoles de rang européen, comme il en existe déjà dans les grands pays d’Europe et du monde. En observant notre environnement européen, on constate que les régions constituent : Les compétences et les ressources financières sont déterminantes pour une réussite à tous niveaux. Cette réforme, quel impact aura t-elle sur les territoires ? On peut penser qu’il sera inégal. La future région Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées présente des atouts manifestes mais aussi des faiblesses, des disparités qu’il conviendra de réduire. Ce sera la 5ème région la plus peuplée de France avec 5,6 millions d’habitants, et 6,1 millions en 2025, la 2ème région en termes de superficie, celle dotée du dynamisme démographique le plus fort après la Corse avec 51 000 nouveaux venus par an (étudiants, jeunes actifs avec enfants, retraités). Sa population est essentiellement concentrée pour les ¾ dans la métropole toulousaine et les villes du littoral telles que Nîmes, Montpellier, Sète, Béziers, Narbonne, Perpignan. Si l’on procède à une comparaison des régions actuelles : D’un côté, nous avons en Midi-Pyrénées une économie dynamique, essentiellement productive, malgré le contexte de désindustrialisation en France. Les entreprises continuent d’y créer plus d’emplois qu’elles n’en suppriment que ce soit dans les services ou l’industrie. La zone d’emploi de Toulouse est locomotive de la région notamment grâce à l’industrie aéronautique (1 emploi sur 10). Selon des prévisions de la CCI de Toulouse, en 2015, l’activité régionale devrait encore progresser de 2,9% (Airbus, réseaux de productions agricoles, dynamisme du numérique). De l’autre côté, nous avons en Languedoc-Roussillon, une économie essentiellement présentielle (production de biens et services tournés vers les besoins des populations présentes). Cette caractéristique économique trouve son origine et son principal moteur dans l’attractivité démographique et le tourisme. Les emplois y sont peu qualifiés avec des salaires plus faibles que dans la sphère productive. Par conséquent, dans la nouvelle région, la croissance sera nécessaire pour juguler le taux de pauvreté qui reste l’un des plus élevés de France, juste derrière la Corse et Nord-Pas-de Calais- Picardie. Le rapport qui est à co-construire pour la fin de l’année avec le CESER Languedoc-Roussillon, dans le cadre de la mission d’étude prospective sur l’aménagement et l’équilibre du futur territoire régional à l’horizon 2030 confiée par les 2 Présidents de Région, devrait mettre en exergue les constats, enjeux et défis de la nouvelle région. Les 12 défis de la nouvelle région Pour faire cette nouvelle région, il y a des défis à relever : 1 - Le défi démographique 3 millions d’habitants pour Midi-Pyrénées + 2,6 millions pour Languedoc-Roussillon = 5,6 millions d’habitants + 51 000 de plus par an, soit 500 000 en 2025, et par conséquent un total de 6,1 millions à cet horizon, dont 21 000 actifs qui auront besoin de se loger, de se nourrir, de se soigner, de se former, d’exercer une activité, de se déplacer… autant de décisions à prendre, d’investissements à décider. 2 - Le défi de la mobilité Dans une région de plus de 72 700 km2 avec 2 métropoles, l’une fonctionnant en étoile, Toulouse, l’autre fonctionnant en réseau de villes, Montpellier, avec une forte démographie, la mobilité et l’intermodalité deviennent des enjeux déterminants pour faire la nouvelle région : - la LGV Toulouse-Narbonne-Montpellier, les villes du sud interconnectées, le réseau routier mis en 2X2 voies pour tous les chefs-lieux ou capitales de bassins d’emploi (exemple, Castres), la nécessité de recourir à des financements de long terme et donc à des investisseurs de long terme ; 3 - Le défi de la formation - 210 000 étudiants, 4ème région universitaire hors Ile-de-France Cela suppose d’agir dans 3 domaines : La gestion territoriale des emplois et des compétences en mobilisant tous les acteurs : Un plan régional en faveur de l’apprentissage et de l’alternance Poursuivre la politique de site en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche : 4 - Le défi du développement économique et de la création de richesse, de l’industrie Le document de l’INSEE du 29 avril 2015 montre le partage des activités au nord d’une ligne géographique virtuelle : de Ganges – Millau – Mazamet – Carcassonne - Saint-Girons – Tarbes, se trouve une économie de production, au sud une économie de services marchands, résidentielle et présentielle avec l’agri et l’agro qui occupent 165 000 emplois pour les 2 régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Propositions : - L’organisation du soutien aux activités économiques doit se faire à partir des filières avec les pôles de compétitivité et les clusters (en revoyant les périmètres géographiques). 5 - Le défi d’une nouvelle agence régionale pour le développement économique, l’innovation et l’international La fusion des agences créées s’impose pour en construire une nouvelle qui doit être le levier de la région et des entreprises pour innover et exporter. L’organisation proposée : La notoriété internationale de la nouvelle région sera portée aussi par Airbus !!! 6 - Le défi du foncier Pour développer les filières agricoles et agroalimentaires, avec deux pôles de compétitivité, il devient urgent de préserver le foncier agricole et de mettre fin à l’étalement urbain. Ce foncier permettra de reconquérir des productions de proximité par filière nécessaires à la consommation (plutôt que d’importer). Les enjeux de la recherche agronomique, les compétences de l’INRA à Toulouse additionnées à celles de Montpellier en feront le 2ème ou 3ème centre de recherche agro de France. Les compétences du CIRAD à Montpellier en font un pôle d’excellence et de référence pour la Méditerranée auquel il faut ajouter la complémentarité des deux pôles de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation et QualiMed.
7 - Le défi de la cohésion sociale et territoriale - La cartographie de l’emploi, du chômage, de la précarité illustre les politiques de solidarité, à construire dans le champ de compétences de la nouvelle région : orientation, formation, qualification, mobilité, création d’écoles de la 2ème chance, préservation du service public au niveau de l’Etat et des collectivités ; 8 - Le défi de la santé C’est celui : - de l’accès aux soins pour tous par l’organisation d’une offre de soins sécurisée au niveau des territoires de santé ;
9 - Le défi de la transition écologique C’est une obligation qui touche tous les acteurs, tous les secteurs : - énergies : renouvelables, avec le pôle Derbi à Perpignan, la puissance de l’hydroélectricité ; le rôle du CEA implanté à Marcoule dans le Gard et en Midi-Pyrénées ; 10 - Le défi de l’ouverture - La nouvelle région en Europe ;
11 - Le défi démocratique et culturel Le rôle de la société dans la construction de la région : il faut fédérer tous les acteurs, cela passe par : - un rôle nouveau pour le CESER dont les compétences, les moyens humains et l’indépendance doivent être renforcés ; 12 - Le défi du vivre ensemble et de la République Le challenge sera de faire vivre les valeurs de la République, notamment la laïcité en conjuguant les sentiments identitaires, le multiculturalisme, l’exercice de nos libertés, mais aussi et surtout le dépassement de soi pour mieux vivre ensemble dans le « nouveau Languedoc » et dans la République. Conclusion : la tâche est immense et urgente Il nous appartiendra de savoir encore mobiliser les acteurs économiques, sociaux et associatifs. Notre assemblée est connue pour sa capacité de travail à proposer et à défendre des idées et savoir dire non quand cela est nécessaire. Parce ce que la situation est difficile, nous devons avoir le courage de donner du sens à nos travaux avec le CESER Languedoc-Roussillon. Le chômage massif des jeunes, l’aggravation de la précarité, la fracture territoriale, et l’avenir des services publics en milieu rural nécessitent un sursaut de solidarité et une grande mobilisation pour l’emploi, la formation et le développement économique ; c’est aussi ce qu’attendent les habitants. |