Lors de l'Assemblée Plénière
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Monsieur le Président,
Cette dernière plénière de l’année est consacrée comme à l’accoutumée au Budget Primitif de la Région Midi-Pyrénées pour l’année à venir. Notre assemblée, sur saisine obligatoire du Président de Région (article L4241-1 du Code général des collectivités territoriales), a formulé un avis qui vous sera présenté dans un instant par Olivier-Ronan RIVAT. Une fin d’année riche en évènements, puisqu’elle amorce la fin d’un an de débats au sein du Parlement sur la réforme des collectivités territoriales. En effet, le projet de loi relatif à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral, après absence d’accord en commission mixte paritaire le 27/11, a été adopté par l’assemblée nationale en nouvelle lecture le 08/12/14 portant à 13 le nombre de régions en France métropolitaine – la fusion Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon est retenue – et a été de nouveau débattu hier au Sénat, pour une validation définitive demain mercredi 17/12/14, puis nous nous dirigeons également vers l’adoption de la loi NOTRe, portant nouvelle organisation territoriale de la République. Ce dernier projet de loi définit les compétences attribuées aux collectivités en consacrant les régions chefs de file dans le domaine de l’économie, tandis que les départements détiennent l’action sociale. C’est dans ce contexte de débats que notre assemblée s’est saisie de la question et a élaboré un projet d’avis « La nouvelle organisation territoriale de la France : quelle place pour la Région ? » dont le rapporteur est François TOULIS. En annexe de ce projet d’avis, on trouve l’excellent document établi par la Section Prospective du CESER sur la délimitation des régions, rendu public dès le 1er octobre, qui a permis une étude comparative des forces et faiblesses des trois régions que sont l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, dans l’éventualité de rapprochements entre ces entités ; c’est le seul diagnostic territorial qui a été réalisé, c’est par cet exercice qu’il aurait fallu commencer avant tout débat et toute décision. Nous avons également émis un projet d’avis sur le SRCE, Schéma régional de cohérence écologique, intitulé « le projet de SRCE de Midi-Pyrénées soumis à l’approbation du Conseil Régional » qui sera présenté par Marie-Laure CAMBUS. Ce sont dans des délais particulièrement contraints que la Commission Aménagement du territoire – Environnement du CESER, après avoir bénéficié de la présentation des documents par les services le 3 décembre, s’est exprimée. Revenons en à l’actualité qui occupe tous les esprits. L’avènement d’une grande région Midi-Pyrénées - Languedoc-Roussillon devrait être confirmé par l’adoption d’ici demain mercredi 17 décembre de la loi sur la délimitation des régions. Le Budget 2015 de la Région Midi-Pyrénées Le budget proposé par la Région est dès lors le dernier pour notre territoire dans sa forme géographique actuelle. Il a été élaboré dans un contexte budgétaire national difficile, la dette publique atteint des records, plus de 2000 milliards d’€ à la fin du 2ème trimestre 2014, soit 95,1% du PIB (en hausse de 1,4% sur trois mois et de 3,9% sur un an) ; aussi, la baisse des dépenses publiques sera de l’ordre de 50 milliards d’€ pour 2015-2017. En dépit de ces restrictions, le budget 2015 de la Région Midi-Pyrénées de l’ordre de 1,072 milliards d’€ hors emprunt reflète la volonté de la collectivité de poursuivre ses missions de base que sont l’éducation, la formation et l’insertion professionnelle des apprentis et des adultes, la recherche, l’enseignement supérieur, le développement durable, les transports. Ainsi, les moyens financiers alloués à ces priorités de l’action régionale démontrent que la Région reste attentive et mobilisée face aux enjeux économiques, sociaux et humains que ces secteurs génèrent, même si le CESER note que des améliorations sont à apporter sur certains points. Le projet régional bénéficiera également des fonds structurels européens (384,36 M€ pour le FEDER, 73,18 M€ pour le FSE, 1 307 M€ pour le FEADER), et du CPER 2015-2020. Le CPER devrait être signé au printemps 2015. La Région prévoit que la première phase triennale 2015-2017 du CPER finalise les projets d’investissements prioritaires et consolide ainsi les atouts des actuels territoires midi-pyrénénéens afin qu’ils jouent un rôle moteur dans la nouvelle entité régionale. Par ailleurs, toujours dans cette perspective du rapprochement avec le Languedoc-Roussillon, la Région nouvelle autorité de gestion des fonds européens propose une gouvernance rénovée du CPER en encourageant la coordination du comité de suivi du CPER et du comité de suivi des fonds européens et leur recentrage ou leur vocation initiale stratégique et politique d’orientation du développement régional. Toutefois, le CESER ne voit pas dans le BP 2015 l’inscription d’études concourant à création de la nouvelle Région. Ces priorités de l’action régionale nous permettent d’avoir une connaissance certaine de notre territoire et on pourra mieux les confronter et les conjuguer avec l’environnement économique, social du Languedoc-Roussillon, dans le cadre de la fusion à venir. Anticiper le rapprochement avec le Languedoc-Roussillon Dès que la loi sur la délimitation des régions sera adoptée, la concertation avec la collectivité de Languedoc-Roussillon sera engagée, bien des aspects sont en jeu ; il y a bien évidemment la gestion du personnel des actuelles collectivités, mais la définition et la mise en œuvre des missions nouvelles qui seront attribuées à la nouvelle région (si la loi NOTRe est adoptée) est un point crucial qui sera à étudier avec beaucoup d’attention. Je sais que certaines régions n’ont pas attendu l’adoption de la loi, et ont commencé à travailler ensemble ; il y a une vraie volonté de prévoir au mieux la transition. On sait déjà qu’il n’y aura pas de renégociation des fonds européens au niveau de la Commission européenne lorsqu’en 2016 sera mise en place cette nouvelle région. Le CESER, représentant la société civile organisée, demande à être associé aux travaux visant à la création de la nouvelle Région, lors des phases d’état des lieux et de diagnostics du nouveau périmètre géographique et des politiques publiques menées par les Régions. Cette approche par anticipation de l’autre région, le Languedoc-Roussillon, avec laquelle nous allons fusionner devra être mise en pratique par notre assemblée tout au long de l’année 2015, notamment au travers de l’élaboration des avis en cours qui vont être rendus, c’est le souhait que j’ai clairement exprimé devant le Bureau du CESER et qui est partagé par les conseillers. L’étude menée par la section prospective du CESER - que je remercie pour la qualité de la contribution - avec les données statistiques sur nos deux régions montrent que des atouts existent de part et d’autre, pas toujours dans les mêmes domaines, mais il y a aussi des faiblesses. Points forts et points faibles sont par conséquent à confronter pour travailler à une complémentarité qui permettra d’ériger la nouvelle région au stade de région économiquement forte, concurrente internationalement, contribuant ainsi au rayonnement de la France. Néanmoins, comme nous nous dirigeons vers ce très grand territoire, il conviendra dès lors d’écrire ensemble un projet, en trouvant un dénominateur commun. De nouvelles compétences devront être mises en œuvre si la loi NOTRe est adoptée : transports, réseau routier, développement économique, gestion des collèges et lycées. Pour relever le défi, il faudra aussi une réforme de l’Etat dans les territoires et les moyens financiers adéquats. Une région, ce n’est pas que l’addition des km2 ! La gouvernance La nouvelle région sera vaste puisqu’elle réunira 13 départements pour une superficie de 72 724 km2, 5,6 millions d’habitants. Ce sera la 4ème plus grande région de France en termes de PIB (144 milliards d’€), la 8ème européenne, et la 2ème en termes de taille derrière la région Aquitaine - Limousin et Poitou-Charentes. Ce sont là des éléments qui permettront de réfléchir à un projet commun. Il va falloir œuvrer avec les partenaires économiques, sociaux et associatifs mais plus largement avec tous les acteurs des territoires. Dès l’adoption de la loi, il faudra que les organisations présentes au CESER se rapprochent de leurs homologues languedociennes pour penser au projet à mettre en œuvre et construire ensemble un nouveau CESER ; j’écrirai au Président du CESER Languedoc-Roussillon, Guy GIVA, pour organiser une première réunion de travail dès janvier 2015. L’environnement, le développement durable, la transition énergétique et écologique au cœur de nos préoccupations Cette anticipation du travail m’amène à évoquer la place des associations environnementales au sein de notre institution. Je les ai réunies à leur demande il y a une dizaine de jours pour faire un point sur leur implication au sein du CESER et connaître leurs attentes en termes d’organisation des travaux de l’assemblée. Je vous rappelle que c’est en 2010, avec la loi portant engagement national pour l’environnement que notre institution est devenue CESER, avec l’adjonction du qualificatif environnemental, marquant la volonté au plus haut niveau que la problématique environnementale soit partie intégrante de nos objectifs et ambitions. Même si, j’ajoute, que dès le départ, le CESER a toujours tenu compte de cet aspect dans ses travaux. L’environnement, le développement durable, la transition énergétique et écologique doivent dorénavant faire partie des préoccupations partagées par tout citoyen. L’actualité nous le rappelle. Nous pouvons tous constater l’évolution du climat ces dernières années et ses nombreux impacts tels que la sécheresse, les inondations, les maladies, les pénuries alimentaires… En 2013, la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère a atteint des niveaux records. Aussi, vous n’ignorez pas que la France a été nommée pays hôte de la 21ème conférence climat en 2015 (Paris Climat 2015, 30 novembre au 11 décembre 2015) lors de la 19ème Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques de Varsovie (CCNUCC). Le manifeste des Régions de France pour la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique des territoires rendu public fin novembre rappelle l’importance de la mobilisation de toutes les entités que sont les collectivités locales, les organisations de la société civile, les entreprises. En Midi-Pyrénées, la Région a diversifié les dispositifs pour accompagner les projets contribuant à la transition énergétique et écologique.
La Région Languedoc-Roussillon, quant à elle, fait partie des régions françaises les plus actives pour le développement des énergies renouvelables (notamment en termes de puissance photovoltaïque installée et de production d’énergie éolienne), même si la conjoncture économique peu favorable a provoqué un ralentissement dans ce domaine. Ainsi, on voit déjà l’implication réelle des Régions en matière d’environnement, de transition énergétique. Ce qui est de bon augure, puisque il faut le rappeler, le projet de loi NOTRe confère aux régions un rôle de chef de filât de la transition énergétique et de la biodiversité. Les régions et leur proximité avec les territoires urbains et ruraux permettent de réagir, de proposer et de trouver des solutions. Par conséquent, notre assemblée, plus que jamais, doit prendre toute la mesure des enjeux économiques, sociétaux du dérèglement climatique. Des prérogatives renforcées pour les CESER En janvier 2016, la nouvelle assemblée régionale sera instituée. Quid des CESER ? Dans le cadre des débats menés sur les deux projets de loi relatifs pour l’un à la délimitation des régions et pour l’autre à la nouvelle organisation territoriale de la République, les CESER de France, composantes de l’institution régionale (article L.4131-2 du CGCT), ont tenté de prendre des positions sur divers aspects. Il convient de noter que les projets de loi ne font pas état de la fonction consultative territoriale dans ce nouveau mouvement de décentralisation. Aussi, l’assemblée des CESER de France a formulé des propositions d’amendements sur le rôle des CESER dans le projet de loi NOTRe. La création de 13 nouvelles régions en France métropolitaine comme le prévoit le projet de loi sur la délimitation des régions se substituant aux 22 collectivités territoriales existantes oblige à revoir la composition des CESER et leur gouvernance pour les nouveaux périmètres. Concernant la composition, il faudrait un nombre de conseillers égal à celui des conseillers régionaux (158), et non une addition du nombre des conseillers actuel, ce qui dans l’esprit de tout un chacun serait contraire à l’effort de limitation de la dépense publique demandé. Dans notre République moderne à l’organisation décentralisée, le législateur souhaite renforcer la place de la Région en clarifiant et en étendant ses capacités d’action. Dans ce contexte, les CESER doivent également voir leur rôle élargi pour conforter leur efficacité en amont des décisions publiques, ainsi que dans leur suivi et l’évaluation. En effet, les CESER, représentant la société civile, ont l’expérience et la connaissance des territoires, une véritable capacité à débattre et à formuler des synthèses et des propositions dynamiques contribuant à l’émergence de politiques innovantes. Les CESER souhaitent ainsi que leur champ de saisine soit élargi au représentant de l’Etat en région, aux autres collectivités territoriales et leurs groupements sur toute question relative à la politique régionale ou d’intérêt régional. Pour l’heure, une référence aux CESER, elle se trouve dans le projet de loi sur la délimitation des régions qui prévoit, concernant la détermination du chef-lieu provisoire du nouveau conseil régional, que les conseils régionaux existants rendent un avis après consultation du CESER et après organisation d'un débat avec les représentants des collectivités territoriales, des organismes consulaires et des organisations professionnelles représentatives. La fusion MPE-MPI a été votée Comme nous l’avions souhaitée dans l’avis voté le 20 octobre 2010 sur l’innovation en Midi-Pyrénées, la fusion de l’agence régionale pour l’innovation créée en 2007 – MPI - et celle plus ancienne pour le développement économique, Midi-Pyrénées Expansion, a été votée lors de l’assemblée générale extraordinaire du 15 décembre. Nous nous sommes abstenus sur les projets de statuts, qui sur 23 postes au conseil d’administration, n’en attribuent que 2 pour le collège des organismes de recherche, 2 élus des pôles de compétitivités et des entreprises, et 2 pour le 6ème collège des institutions régionales composées de 30 membres. Comme je l’ai expliqué au Bureau du CESER et lors de la fusion, cela rendait périlleux notre élection au conseil d’administration. Notre candidature a été écartée au profit d’EDF Direction Régionale, EDF qui finance l’agence, et celle de notre collègue Didier GARDINAL, Président de la CCIR. La privatisation de l’aéroport Toulouse-Blagnac est une erreur L’annonce de la privatisation d’un certain nombre d’aéroports régionaux a été faite par le Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique le 11 juillet 2014. Le premier de la liste est celui de Toulouse-Blagnac, qui doit être suivi de ceux de Lyon, Nice… Nous avons gagné, vous le savez, l’arbitrage du Premier Ministre, qui après étude des correspondances et son séjour à Toulouse pour le congrès de l’ARF, a arbitré dans un courrier adressé au Président d’Airbus le 20 octobre pour que les sociétés aéronautiques bénéficient d’une Autorisation d’Occupation Temporaire du foncier sous forme de location jusqu’en 2078, avec la reconduction des conventions spécifiques pour les vols d’essai. Lors du Bureau du CESER du 7 novembre, j’ai alerté les membres sur les conditions de la concertation et sur les délais accordés aux collectivités pour auditionner les 4 candidats restant sur les 7 qui s’étaient engagés en septembre, et j’ai signalé la vraie fausse candidature du Canadien SNC Lavallin (interdit d’affaires par la Banque mondiale), qui portait en fait la candidature du groupe chinois Symbiose, composé de Shandong Hi Speed Group et Friedmann Pacific Investment Group, sociétés qui appartiennent à l’Etat chinois… Avec l’accord unanime du Bureau, j’ai écrit dès le 7 novembre 2014 au Premier Ministre pour dénoncer les conditions opaques de la procédure de concertation et la candidature d’un consortium chinois candidat à la reprise d’un aéroport stratégique, au cœur d’une plate-forme industrielle stratégique. Vous connaissez la suite et l’arbitrage du Ministre de l’Economie le 4 décembre à 20h40 en faveur du consortium chinois, au titre de l’ouverture économique et de la réciprocité des coopérations et des échanges. Comme je l’ai dit et écrit au nom de l’assemblée, cette décision depuis le départ est un marché de dupes… en raison des conditions de la privatisation, de la légèreté de l’écriture du cahiers des charges, de l’opacité dans la gestion des dossiers, et des mensonges dans les arguments développés notamment :
Cela pose la question du rôle de l’Etat !
Il n’est pas admissible que l’Etat qui doit avoir une vision stratégique de long terme et doit ainsi sécuriser nos équipements et activités industrielles vende pour des vues à court terme nos équipements stratégiques… dont l’aéroport de Toulouse-Blagnac, équipement bien géré, qui rapporte aux actionnaires, dont l’Etat, 10 millions d’euros par an. Il faut aussi continuer d’investir pour l’industrie, l’innovation, la recherche et les progrès dans les filières innovantes que sont le numérique, la transition écologique, et ce au moment où se pose la question de renationaliser les autoroutes (vendues en 2005) et qui ont fait perdre à l’Etat, en 9 ans, 14 milliards de recettes. Dans mon expression publique, je n’ai jamais manifesté de point de vue anti-Chinois, j’ai dénoncé la privatisation, l’opacité et les omissions de la procédure, l’illusion des promesses de financement des équipements de Toulouse, j’aurais dit la même chose si le repreneur avait été américain, anglais, belge ou suisse… certains médias n’ont parfois retenu dans des interviews de 10 ou 15 minutes qu’une phrase sortie de son contexte. La privatisation reste une erreur et une faute. Je suis reconnaissant aux organisations qui composent notre assemblée, des soutiens qui m’ont été apportés pour tenir un discours public clair au nom de l’intérêt général… parce que l’aéroport de Toulouse-Blagnac est au cœur de l’écosystème aéronautique de Toulouse-Blagnac avec 91 000 emplois dont un tiers repose sur les industries de la filière aéronautique et constitue le premier levier de développement et de croissance de Toulouse et de sa région, et notre notoriété. C’est aussi une bonne publicité car il est extrêmement rare que les radios nationales et toutes les chaînes de télévision rapportent dans leurs éditions le point de vue d’un conseil économique, social et environnemental régional. Je vous en remercie ! |