Intervention de Jean-Louis CHAUZY
Président du Conseil Économique Social et Environnemental Régional

Jean-Louis CHAUZY

 

Lors de l'Assemblée Plénière
Toulouse, le mercredi 13 novembre 2013

 

Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur le Président de Région,
Monsieur le Président de séance, Cher Jean BERTIN,
Madame la Secrétaire de séance,
Chères et Chers collègues,
Madame, Monsieur,

 

Madame, Monsieur,             

Le mandat de l’assemblée installée le 19 novembre 2007 s’est achevé, une autre mandature s’ouvre aujourd’hui pour une durée de 6 ans, je viens en rendre compte.

Nous aurons à travailler ensemble, dans une assemblée renouvelée à 45% de ses membres, incarnant davantage la société, mais nous avons encore des marges de progrès puisqu’il y a désormais 30% de femmes pour atteindre, on doit l’espérer et le souhaiter, 50% en cours de mandat.

Ce nouveau CESER, c’est encore plus de diversité, une plus grande place faite aux filières industrielles et économiques dans le 1er collège avec la filière bois, la filière automobile et les métiers de l’hôtellerie et de la restauration qui pour la 1ère fois sont représentés en cette qualité au CESER, nous avions déjà au titre de la CGPME  un hôtelier, de Tarbes, notre ami Jacques DUVIN.

Dans le 3ème collège, encore plus de diversité,  la Coordination Occitane, la Fédération régionale MJC, la Croix Rouge, l’association des personnes handicapées, le Conseil du Cheval, le CAUE en personnalité qualifiée avec la fédération régionale de la pêche. L’économie sociale et solidaire avec 10% des emplois de la région, est aussi renforcée.

Je salue mes collègues du 4ème collège, 4 femmes aux parcours différents mais passionnants : la vie des quartiers, l’habitat social, l’ingénierie, la culture et qui ont déjà eut l’occasion de manifester  leur intérêt pour le CESER.

Le challenge, c’est de réaliser l’expression puis la synthèse, hier de 56 organisations, aujourd’hui de 70 organisations différentes.

Comment rassembler des hommes et des femmes qui n’ont pas la même origine, les mêmes convictions, les mêmes idées philosophiques, politiques ou religieuses,  qui ne lisent pas le même journal, sauf la Dépêche du Midi.

Cette diversité doit être notre force, cette originalité nous obligera à trouver le plus grand dénominateur commun dans l’expression de nos rapports, notamment les propositions.

C’est cette alchimie difficile qui nous permettra chaque fois de savoir conclure ensemble.

Vous avez pris connaissance du bilan de la mandature 2007-2013, qui sera dans quelques jours complété par les 5 rapports adoptés par notre assemblée le 24 octobre, avec la contribution du CESER au débat de conjoncture et celle établie par la Section Europe,  qui en conclusion nous donne des perspectives sur lesquelles je reviendrai.

Je tiens à saluer tous les Vice-Présidents et conseillers qui ont permis par leur travail la réalisation de nos travaux et initiatives.

Il est toujours difficile de résumer un bilan et toutes les heures de travail des commissions pour préparer nos avis, avec l’implication et le dévouement de notre équipe administrative, autour de la directrice qui donne l’exemple et que je remercie et qui a permis la préparation de nos activités et des conférences que nous avons organisées et réussies.

La lecture de ce document de communication vous montrera que nous avons tenu nos engagements décidés par le bureau, sur les saisines :

  • l’enseignement supérieur,
  • le développement économique et l’emploi
  • les sorties sans qualifications
  • le logement, et l’accès aux soins de qualité, la dépendance, le handicap, la lutte contre l’exclusion et la précarité.
  • L’écosystème régional de l’innovation, de la recherche et de la technologie avec un comité de pilotage pour insérer l’apport de chaque commission, le plan climat Air Energie

La bataille pour la réindustrialisation avec le soutien aux filières :

  • la filière bois
  • les PME-PMI
  • l’agroalimentaire,
  • le tourisme,

ainsi que sur la gestion des conférences, notamment sur la prospective, organisée avec le Conseil Régional le 30 janvier 2011, après la réunion commune des deux assemblées sur la décentralisation en février 2009.

 

Rester mobilisé pour le désenclavement des territoires

Le combat pour le désenclavement a été poursuivi, il devra l’être encore. Nous avons voté à l’unanimité le soutien du CESER au plan RAIL décidé par le Conseil Régional, unique en France, encore à l’unanimité en faveur de la réalisation de la LGV Bordeaux-Toulouse dans le cadre de la procédure du débat public.

Nous avons apporté une contribution utile avec les CESER du Limousin et de la Région Centre pour la modernisation et la défense de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, en faveur de laquelle je proposerai à nos collègues une nouvelle réunion pour discuter avec les Présidents des trois régions dans le bureau du Président de la SNCF, Guillaume PEPY, du nouveau matériel à mettre en place.

Nous avons su défendre encore le désenclavement des bassins d’emploi en raison des enjeux liés à la sécurisation des  parcours et au développement économique pour la RN88, la RN21, Toulouse-Castres, Toulouse-Auch et l’achèvement en 2x2 voies de l’itinéraire E9  Toulouse – Barcelone par Ax-les-Thermes et Puicerda.

Nous défendons toujours le fret ferroviaire, notre dernier avis de la mandature rappelle la nécessité pour la Région de s’intéresser à la logistique et au fret en lien avec le schéma régional de développement économique. Nous devons faire vivre nos propositions et rappeler aussi l’enjeu européen du fret ferroviaire avec une infrastructure dédiée au ferroutage par un tunnel à basse altitude dans les Pyrénées, pour sortir sur de longues distances les camions de la route, c’est un enjeu européen.

 

Le changement climatique, la biodiversité, la transition écologique

C’est une obligation morale, politique, économique et écologique de prendre en compte cette question dans nos réflexions, tout collège confondu, car les évolutions de la planète, le changement climatique, la gestion des espaces et des écosystèmes, la préservation des ressources naturelles, est l’enjeu du XXIème siècle.

Nous avons commencé à le faire par une autosaisine dédiée au changement climatique et à la biodiversité, et par différentes contributions sur l’élaboration de schémas régionaux.

Nous poursuivrons dans cette voie en militant pour une nouvelle croissance durable, la préservation de la biodiversité et des hommes. Nous verrons dans quelles conditions et avec quels partenaires, peut-être la Région, nous pourrions réfléchir ensemble aux conséquences du réchauffement climatique pour le massif des Pyrénées.

 

La réhabilitation des activités de production

Depuis la réhabilitation de l’industrie chimique par le rapport d’octobre 2007 en faveur d’une nouvelle chimie à celui dédié à l’industrie agro-alimentaire, nous avons réalisé une série d’avis pour passer d’une économie de consommation à une économie de production.

Ces travaux par filières ont été complétés par notre engagement en faveur des politiques publiques de l’Etat, depuis septembre 2004, quand a été lancé l’appel à projet de la DATAR en faveur des pôles de compétitivité jusqu’aux investissements d’avenir issus des préconisations du rapport Juppé-Rocard en faveur du grand emprunt de 30 milliards, avec la mise en place du Commissariat Général aux investissements. Ces politiques tant critiquées à l’époque, nous nous les sommes appropriées en faisant des propositions d’Aerospace Valley à l’IDEX pour l’Université de Toulouse et surtout en prenant l’initiative avec l’accord et le soutien du Préfet de Région Jean Daubigny, puis de la région, d’organiser au lendemain du CIAT du 12 juillet 2005 tous les acteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la recherche agronomique pour construire la candidature à ce 3ème pôle de compétitivité Agrimip Innovation, labellisé le 5 juillet 2007 et qui est devenu le 1er Pôle agro de France, élargi à l’Aquitaine pour s’appeler Agri Sud-Ouest Innovation.

Notre rôle a été rappelé et salué à l’occasion de la dernière Assemblée générale par son Président Alain Chatillon au moment de la signature du 3ème contrat de gouvernance avec vous, Monsieur le Préfet, et les Présidents Alain Rousset et Martin MALVY.

Ce travail du CESER et les positions que nous avons assumées publiquement nous valent en retour d’être associés à la gouvernance des Pôles de compétitivité, mais aussi des organismes de recherche et d’enseignement supérieur.

C’est aussi dans la durée que l’on peut mieux mesurer l’apport de notre assemblée dans l’évolution des politiques publiques.

La défense et la promotion de l’industrie chimique avec le rapport de juin 2002 sur la conciliation de l’industrie avec la société, comme le rapport d’octobre 2007 sur la nouvelle chimie, ont débouché sur une stratégie régionale en faveur de la chimie verte, des agroressources, dont j’ai fait au nom du CESER la promotion lors de l’assemblée générale de l’Union des Industries Chimiques (le 9 septembre 2011), L’étude-diagnostic que vous avez acceptée de cofinancer, Monsieur le Préfet, avec le Président de la Région Martin Malvy, a conduit à la création d’un nouveau cluster porté par Cédric Cabanes, Président de la société Agronutrition et l’ UIC Midi-Pyrénées, avec le soutien de la CCI de Région et de son Président Didier Gardinal que je remercie.

C’est encore le rapport du CESER en faveur de l’industrie spatiale qui a débouché notamment sur 3 propositions :

  • Un plan régional pour l’industrie spatiale à la signature duquel nous avons été associés 3 ans après.
  • La création du réseau des régions d’Europe de l’industrie spatiale, le réseau NEREUS dont Midi-Pyrénées a pris la présidence.
  • Les applications spatiales de Galiléo, le système d’observation spatiale par satellite, le GPS européen dont beaucoup d’applications sont portées par des PME-PMI de Toulouse et la région.

 

La réhabilitation de la filière bois, malgré les difficultés d’organisation et l’absence de grosses entreprises leaders, par le très bon rapport de la filière bois porté par notre collègue Eric Lalande  en juin 2009, a permis d’œuvrer à la création du cluster Vivier-Bois-Massif Central avec l’élection de notre collègue à la présidence depuis juillet 2011. La filière bois c’est encore 20 000 emplois en région, et toujours un enjeu d’organisation industrielle.

Le soutien que nous avons apporté à la filière automobile pendant la crise terrible de 2008-2009-2010 a aussi permis de préserver les emplois par l’accès au financement du chômage  partiel, et la proposition que nous avons su faire à la Région à l’occasion de la préparation du budget primitif de 2009 pour mettre en place un fonds de qualification pour la formation des salariés des PME en chômage partiel, pendant la crise économique. Ce qui était aussi, grâce aux conventions du chômage partiel, un signe en direction des préoccupations des partenaires sociaux sur la sécurisation des parcours professionnels.

L’agriculture doit nourrir tous les hommes 

Je terminerai ce bilan, sur les filières, par l’agriculture et l’agroalimentaire : le rapport montre que ce secteur d’activité avec les 100 000 emplois en région,  220 000 avec l’Aquitaine sous la bannière Sud-Ouest, est déterminant dans la bataille pour le redressement productif,  pour notre commerce extérieur, pour l’aménagement durable du territoire, mais aussi et d’abord pour nourrir les hommes et les femmes, quel que soit le revenu. Il nous faut donc poursuivre nos travaux pour soutenir toutes les filières, notamment celles menacées de disparition comme le lait, ou en difficulté comme l’élevage, et qu’il nous faut savoir identifier pour recréer de la richesse sur nos territoires.

Nous devons soutenir toutes les agricultures pour répondre aux besoins et attentes des consommateurs et renforcer dans toutes les filières de production, la proximité et les circuits courts :
- pour les labels
- pour le bio
- pour une agriculture plus intensive, mais écologiquement  responsable parce que tous les Français ne peuvent manger bio, avec des labels tous les jours, pour répondre aux besoins des consommateurs et du marché.

L’abattoir de Condom dans le Gers avec plus de 300 salariés ne peut fonctionner que parce qu’il transforme des poulets classe A en plus des labels qui eux n’assurent que 10% de l’activité.
Est-il normal d’importer 40% de poulets que nous consommons ? 40% de porcs et 80% de la viande de bœuf ?

 

Pas d’économie, pas de vie sans eau !

Comme il n’y a pas d’agriculture sans eau, ni d’accueil possible dans les 30 prochaines années de 600 000 nouveaux Midi-Pyrénéens, il nous faut réussir la sécurisation de l’approvisionnement de la ressource en eau, comme nous y invite le rapport de l’ancien député devenu Ministre de l’Ecologie, Philippe MARTIN, remis au 1er Ministre Jean-Marc Ayrault. Il faut le faire pour l’agriculture, pour  la nouvelle démographie, pour l’économie mais aussi pour la préservation des écosystèmes tout en faisant évoluer les pratiques agricoles, et par la recherche  agronomique, développer de nouvelles variétés de plantes et céréales moins gourmandes en eau, et plus résistantes au stress hydrique.

 

L’emploi, la formation, le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche ont été et resteront au cœur de nos travaux, de notre mobilisation.

Nous avons su apporter des contributions utiles sur le plan régional de la formation professionnelle, les sorties sans qualifications, le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche où nous avons su reprendre la main, comme je l’avais annoncé le 19 novembre 2007, organisant à Albi le 29 juin 2010 la mobilisation régionale, remplissant avec 450 acteurs le plus grand amphi de l’université Jean-François Champollion en faveur d’une politique de site en Midi-Pyrénées - 10 sites identifiés + Toulouse. Ce fut une contribution forte par anticipation, un an avant l’adoption par la Région de  son schéma régional.  Personne n’a fait mieux depuis !

Le rapport pour un emploi durable a été accompagné d’une conférence le 25 juin 2013 après-midi en faveur du développement économique et de l’emploi sous le parrainage de Jean-Louis Beffa, avec de nombreux universitaires, acteurs socio-économiques, et conclu par vous, Monsieur le Préfet. Jean-Louis Beffa vient de rappeler, dans une interview accordée à la Dépêche du Midi samedi 9 novembre, l’intérêt de cette manifestation organisée par le CESER.

Nous portons ainsi plusieurs propositions fortes que nous devrons reprendre en faveur de l’orientation, de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au niveau régional, dans les bassins d’emplois, avec l’appui des branches professionnelles.
L’orientation, la formation, l’accès à l’emploi doivent être au cœur d’un dialogue territorial renouvelé.

 

Faire vivre l’écosystème régional de l’innovation 

La transition énergétique, la culture scientifique et technique et la nouvelle dynamique de l’écosystème de Toulouse et Midi-Pyrénées ont constitué un apport innovant de notre assemblée, au cœur de l’actualité que nous devons faire vivre pendant cette mandature.

Nous devons dans le prochain contrat de plan, mettre l’innovation, la connaissance, le transfert technologique dans les politiques de contrat Etat-Région, Communautés d’agglomérations. Si la métropole toulousaine est le principale bénéficiaire des politiques publiques au titre des investissements d’avenir à hauteur de 1,2 milliards d’euros, cela doit aussi faciliter la mise en œuvre du potentiel scientifique des établissements publics et privés dans les bassins d’emploi : Tarbes, Castres, Albi, Rodez, Auch, à partir de plates-formes technologiques.

Nous avons su mettre la recherche, l’innovation, le transfert de technologie au cœur de nos réflexions apportant ainsi une contribution au combat en faveur du progrès scientifique, parce que la France a besoin de scientifiques, techniciens pour mettre la science et la technologie au service de l’innovation et de nouveaux procédés pour gagner à la fois la bataille du redressement productif et de la transition écologique, sinon nos meilleurs scientifiques déserteront notre pays. La diabolisation de la science et du progrès conduirait notre pays au fond du gouffre.

 

La cohésion sociale et territoriale

Après avoir adopté un rapport de référence nationale en 2006 en faveur des territoires de santé, nous avons complété nos travaux par trois rapports sur l’accès à des soins de qualité pour tous (juin 2009), la dépendance (décembre 2010), le handicap (avril 2012), auxquels il faut ajouter une contribution au schéma régional de santé. Nous avons fait la promotion de nos avis lors des conférences régionales organisées par la Région avec l’ARS, mais aussi lors de réunions en soirée à l’initiative des conseils de développement à Caussade, Figeac, Auch… notamment.

Les diagnostics que nous avons établis et les propositions restent des points d’appui qu’il nous faut faire vivre dans les territoires, parce qu’il faut les faire prendre en compte dans les politiques publiques, car la question de l’accès à des soins de qualité pour  tous, la prise en compte du handicap et l’équité territoriale sont au centre des préoccupations de nos concitoyens. Nous devrons assurer un suivi de la mise en œuvre de nos propositions.

Enfin, si nous avons su aborder au cours de ces années l’excellence, l’innovation, nous avons eu le courage de traiter les questions de pauvreté et de précarité pour favoriser les politiques d’inclusion sociale. 8,5 millions de Français vivent avec des revenus inférieurs à 986 euros - ils sont plus de 400 000 en région : des femmes seules, isolées, les jeunes de moins de 25 ans, je vous renvoie au rapport présenté le 24 octobre 2013 par notre collègue Denis-René Valverde et qui vient conforter le rapport du Secours Catholique sur la pauvreté.

 

La conjoncture 

En plus des avis obligatoires de la Région sur le budget, le suivi des comptes administratifs, nous devons reprendre pour l’améliorer le débat de conjoncture à partir d’un document établi suffisamment tôt, en juin, pour permettre nos expressions de groupes et une préparation aux avis sur les orientations budgétaires puis sur le budget de la Région. Cet engagement est mis en œuvre avec la commission compétente (budget ,finances, politiques contractuelles, planification, évaluation)

 

L’Europe, les programmes  européens, le prochain contrat de plan : les orientations de la politique de cohésion de l’Union Européenne

Les travaux et propositions faites par anticipation par notre assemblée méritent une lecture attentive de la part de l’Etat, et de la Région qui prend en responsabilité la gestion des fonds européens, une grande partie, à compter du 1er janvier 2014, sur le partenariat, la péréquation infrarégionale, le suivi et l’évaluation. Parce que notre région depuis 1979 a largement été bénéficiaire des politiques structurelles de l’Europe, nous avons pu en mesurer les enjeux et l’intérêt.

Mais aujourd’hui l’Europe est en panne de budget, d’objectifs politiques et d’intérêts et c’est le paradoxe le plus grave l’Europe des 6 du traité de Rome de 1957 devenue l’Europe des 28, avec encore de nouveaux pays qui frappent à la porte.

Aucune voix forte ne s’élève pour donner  un espoir, une ambition partagée, la crise économique, le chômage de masse, l’extension de la pauvreté et de la précarité, la faillite de plusieurs Etats renforcent l’Europe des populismes, et des nationalismes qui portent en eux les germes idéologiques et parfois les actes de racisme et d’antisémitisme. Alors il faut construire l’Europe des peuples et donner une ambition commune, notamment par une politique européenne de l’industrie et de l’énergie, mais aussi avec une dimension sociale pour éviter le dumping social !
L’Europe des 500 millions d’Européens doit aussi se tourner vers la Méditerranée et l’Afrique du Nord pour construire les solidarités, les coopérations économiques, sinon les Chinois continueront leurs croissance et expansionnisme économique sans nous. C’est la seule voie pour éviter l’émigration massive et le drame des boats people sur la Méditerranée. Cela concerne aussi les régions du Sud de la France et leurs métropoles.

 

L’anticipation du CESER pour les Contrats de Plan Etat-Région : 11 rencontres territoriales

Chers collègues, nous avons encore su anticiper la situation, lorsque chacun s’interrogeait pour savoir s’il y aurait ou pas ces contrats de plan Etat-Région et comment s’y préparer. J’ai proposé que le CESER revienne à ce qui nous avait déjà identifié dans les contrats de plan précédents : organiser des réunions de travail décentralisées dans les territoires, en nous appuyant sur les Conseils de développement des Pays et Agglomérations, rassemblant ainsi tous les acteurs économiques, syndicaux, associatifs, communauté académique, scientifique avec une synthèse régionale le 7 octobre 2013.

En six mois, nous avons organisé seuls, sans moyens humains et financiers supplémentaires, ces rencontres en remplissant chaque fois tous les amphis pour identifier des propositions pour l’avenir de la région.

Le rapport voté le 24 octobre 2013 est la première contribution du CESER à la concertation qui s’ouvre, puisque le 1er Ministre a fixé par lettre les 3 et 9 août 2013 les thématiques, la méthode et le calendrier de préparation avant adoption en juin 2014 des contrats, il ne manque plus que le cadrage financier.

Nous avons rappelé en continu notre soutien aux filières économiques, la nécessité de prendre en compte le développement durable, la transition écologique, défendre le principe du retour de l’agriculture et de l’agroalimentaire, comme le tourisme dans les grandes filières régionales.

 

Pour de nouvelles politiques territoriales : la métropole, les villes, les bassins d’emploi

Enfin, nous avons souhaité que la politique contractuelle ne soit pas réservée à la métropole pour la politique de la ville, mais soit aussi étendue aux agglomérations de Midi-Pyrénées, et  fait le choix de faire évoluer les politiques territoriales à partir des 16 bassins d’emploi.

 

 

Renforcer la démocratie consultative

Enfin, et c’est le résultat de nos rencontres, nous demandons le renforcement des Conseils de développement dans les périmètres des territoires de projets à l’échelle des SCOT.

 

Le CESER et la décentralisation 

A la veille de l’examen par le parlement de la deuxième partie du projet de loi sur la réforme de  la décentralisation sur le rôle de la région, si nous sommes favorables au renforcement du niveau régional, avec une région chef de file notamment dans le domaine économique, nous sommes aussi favorables au renforcement des prérogatives des CESER qui pourraient être saisis par l’Etat ou les grandes collectivités. Nous souhaitons aussi mieux travailler avec la Région.

Si nous souhaitons une république moderne et décentralisée, qui conforte le rôle des CESER, ce n’est pas la création d’autant de républiques autonomes, car nous restons attachés aux principes d’égalité de droits et devoirs, et de services dans tous les territoires, il ne peut y avoir qu’une République.

 

De nouvelles initiatives pour le CESER et une continuité de réflexions et d’actions

Enfin, vous avez compris chers collègues, qu’en faisant le bilan de nos engagements, je traçais aussi des propositions pour la prochaine mandature : l’accès à une formation, à un emploi, une activité, l’accès aux soins, l’accès à un logement. La solidarité, l’équilibre territorial, les coopérations interrégionales avec la préservation des  services publics, notamment dans les territoires ruraux, seront au cœur de nos priorités, avec notre mobilisation pour le soutien aux filières, prenant en compte la transition écologique.

Nous devrons travailler au renforcement de ces industries de pointe en saluant les compétences de cadres dirigeants des sociétés concernées dont Airbus qui ont su prendre les décisions industrielles courageuses, sans écouter l’envol des « bêtises » de la part de ceux qui expliquaient il y a 7 ans l’effondrement probable de ce secteur industriel. Je rappelle aussi que dans la performance économique il y a aussi la qualité du dialogue social dont j’ai pu chez Airbus mesurer les résultats, et qui est un facteur de croissance et de compétitivité.

Le haut niveau de fonctionnement du comité stratégique de la filière aéronautique au niveau national et régional doit nous servir d’exemple pour d’autres secteurs d’activités.
L’industrie aéronautique est une chance immense pour Toulouse, pour Midi-Pyrénées et l’Aquitaine, nous avons 10 ans pour renforcer cette position de leader et nous diversifier…

 

Nos règles internes

Chers collègues, au cours de ces 6 ans, nous avons modifié trois fois le règlement intérieur pour le moderniser :

- Nous avons amélioré le fonctionnement collectif qui existait déjà depuis 1989 en donnant un cadre élargi à la réunion des vice-présidents délégué en charge de la préparation des réunions de bureau, de la répartition des charges de représentation et suivi des avis.

- Nous avons délibéré sur les procurations en cas d’absence pour les réunions de bureau et commissions.

- Nous avons fait évoluer les dénominations des commissions, notamment pour bien identifier l’enjeu de l’environnement, les mutations économiques, des politiques contractuelles, de la planification et de l’évaluation.

Le règlement intérieur nous permet de bien travailler ensemble, il ne remplace ni la présence et l’investissement des conseillers sans lesquels rien n’est possible, ni notre capacité à savoir trouver et formuler clairement des compromis dynamiques dans nos avis.

 

Les sections 
 
Nous avons fait le choix de préserver les deux sections que la loi nous autorise et que j’ai eu le plaisir à créer et à installer au début de mon mandat en 1995.

La prospective
La section prospective qui, sur mandat du bureau, a concentré son travail sur la prospective territoriale, après avoir fait avec le Conseil Régional en janvier  2011 le bilan des « Chemins de 2010 » et proposé ensuite les « Chemins vers 2040 » que nous avons adoptés au bureau le 1er octobre 2012, nous a  projeté, selon différents scénarii, les possibles évolutions de la région Midi-Pyrénées. Ce travail qui intègre les évolutions démographiques, les mutations technologiques et sociétales est un vrai travail de prospective territorial, il est une référence.

Le CESER est bien dans son rôle, en réfléchissant au long terme, aux tendances lourdes de la société. Les collectivités pourraient s’en inspirer.

 

L’Europe
La section Europe-International a réalisé un bon document sur l’Etat des lieux de l’Europe, des conséquences de la crise financière.

Elle chute sur une proposition que j’ai formulée au bureau pour travailler sur l’espace de coopération de l’Atlantique à la Méditerranée avec les CESE du Nord de l’Espagne, nous ne pouvons pas nous désintéresser de l’avenir de la Méditerranée, pas seulement des pays de la francophonie, pour que se stabilise dans la paix et la démocratie le printemps arabe.

 

Nos atouts

Les temps sont difficiles pour notre région, pour notre pays, mais ce beau Sud-Ouest a beaucoup d’atouts et des activités économiques de pointe qui font notre renommée internationale : nous avons à Toulouse les sièges d’ATR, d’Airbus, d’EADS, le spatial, l’agriculture et l’agroalimentaire, l’industrie du médicament, la dermatologie et la cosmétique grâce au Groupe Pierre Fabre, et de formidables enjeux pour l’Oncopôle de Toulouse qui doit acquérir une compétence mondiale. Nous avons aussi des gisements d’emplois dans les agroressources, la filière bois, les bio et nano technologies, un potentiel universitaire et scientifique de haut niveau, un vrai système de la connaissance, de l’innovation que va renforcer la création de CEA Tech à Toulouse. Nous avons un patrimoine, des paysages et une qualité de vie partout enviée, ce qui explique depuis 15 ans l’envol démographique que les décideurs n’ont pas su anticiper.
Mais nous avons aussi une autre bataille : celle des valeurs.

 

Mais nous avons aussi une autre bataille, celle des valeurs : Renforcer le vivre ensemble et garder des raisons d’espérer !

Tout cela ne doit pas nous faire oublier les difficultés du vivre ensemble, exacerbées par la crise économique, le chômage de masse et l’intolérance qui transforme la différence de peau, de couleur, d’origine en discrimination et haine des autres. En 2012, il y a eu 52% d’augmentation des actes antisémites et 37% d’actes racistes en France.

Face à la montée du populisme, du nationalisme, de la démagogie qui poussent les opinions publiques au repli identitaire, voire à la xénophobie, il faut se souvenir de cette très belle phrase du sociologue hongrois István Bibó, auteur d’un ouvrage remarquable sur l’histoire des nationalismes dans les petits États d’Europe Centrale, qui fut ministre dans l’éphémère gouvernement d’Imre Nagy dans la Hongrie de 1956 : « Etre démocrate, c’est être délivré de la peur, c’est ne pas craindre ceux qui parlent une langue différente ou appartiennent à une race différente. »

Parce que les drames des 11 et 19 mars 2012, parce que les crimes de Mérah ont eu lieu à Toulouse, nous ne pouvons passer par la rubrique « faits divers », le racisme et l’antisémitisme, la question de la défense de la laïcité, des valeurs de la République.

C’est pourquoi, dès l’installation de notre assemblée, je reprendrai une proposition que nous avons adoptée il y a un an, mais que nous n’avons pas pu gérer en raison des plans de charge, c’est de mettre en place, Monsieur le Préfet, avec l’appui de Madame la Rectrice et de l’Université de Toulouse une formation dédiée à la laïcité pour les personnels de l’Etat, des collectivités locales et des associations, débouchant sur un diplôme de la laïcité.

C’est ce que vient de réaliser l’université des Lumières à Lyon avec le Préfet du Rhône,  Préfet de la région Rhône-Alpes, Jean-François CARENCO.

Mesdames, Messieurs, je viens solliciter votre confiance, vous savez que vous pouvez compter sur ma détermination, mon investissement personnel, mon énergie, qui reste comme mes convictions inaltérables à tous les pouvoirs, pour mettre en œuvre nos décisions, défendre nos idées et nos valeurs en toutes circonstances !

 

Je vous en remercie.

 

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